Une députée de l’opposition tanzanienne devant la justice pour une présumée insulte du président

Une députée du principal parti de l’opposition tanzanienne a été arrêtée mardi dernier, à son domicile à Dar Es Salam et devrait comparaître ce jeudi devant un tribunal, pour répondre d’allégations d’insulte contre le chef de l’Etat, John Magufuli.

«Elle a été arrêtée et on l’accuse d’insulte contre le président Magufuli», a déclaré à la presse Said Kubenea, un autre député du Chadema, le principal parti de l’opposition en Tanzanie.

Si les propos exacts pour lesquels est poursuivie la députée Halima Mdee, 39 ans, réputée pour son franc-parler, ne sont pas connus, cependant, celle qui est également présidente de l’Union des femmes du Chadema, avait critiqué lundi la position du président Magufuli.

Le président Magufuli soutient selon la députée, que les écolières tombant enceintes ne doivent pas être autorisées à poursuivre leur scolarité dans les écoles publiques. S’exprimant lors d’une conférence de presse, elle a qualifié le président tanzanien de « problème ».

Kubenea, qui est par ailleurs propriétaire d’un groupe de presse critique envers le pouvoir, a estimé que « tout cela fait partie d’une campagne qui ne vise qu’à faire taire toute critique» dans le pays.

Surnommé « tingatinga », bulldozer en swahili, le président tanzanien, John Magufuli a marqué les esprits depuis sa prise de fonctions fin 2015 en se montrant inflexible dans la lutte contre la corruption.

Mais son style peu consensuel et même abrupt, lui vaut d’être désormais qualifié d’autocrate et de populiste par ses détracteurs alors que la liberté d’expression est de plus en plus réduite dans le pays.

Il  avait été très critiqué fin juin par des organisations de défense des droits des femmes pour sa prise de position concernant les écolières tombant enceintes. Ces organisations avaient qualifié ses propos de «répugnants» et «inacceptables».

Mais mardi dernier, alors qu’il inaugurait un projet hydraulique à Sengerema (nord), Magufuli a réaffirmé sa position, promettant de licencier tout responsable d’une école publique qui admettrait dans son établissement des adolescentes ayant été déjà mères.

La députée Halima Mdee est suspendue depuis juin de participation aux débats à l’Assemblée nationale, après une session parlementaire particulièrement animée lors de laquelle plusieurs députés de l’opposition ont été sortis de force de l’hémicycle sur demande du président de l’Assemblée, Job Ndugai.

Le Chadema a attaqué en justice cette mesure de suspension d’une durée de six mois, qui vise également une autre députée du parti.

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