Cameroun : Une journaliste anglophone écrouée pour «atteinte à la sûreté de l’Etat»

Une célèbre journaliste anglophone du Cameroun a été écrouée dans la nuit de mercredi à jeudi à Douala, après avoir été inculpée par un tribunal militaire d’«atteinte à la sûreté de l’Etat», pour avoir « relayé », un post attribuant à l’armée, l’assassinat, fin octobre, d’un missionnaire américain, après une attaque dans la province anglophone du Nord-ouest.

Mimi Mefo, rédactrice en chef adjointe et présentatrice vedette à Equinoxe TV, une chaîne de télévision privée de Douala, a été placée en détention provisoire par le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire de Douala, a affirmé Alice Nkom, responsable d’un collectif de onze avocats qui s’est constitué pour défendre la journaliste.

Il lui est reproché d’avoir «relayé, tout en en indiquant la source, un post disant que ce sont des balles de l’armée qui ont tué le missionnaire américain Charles Trumann Wesco », qui a succombé fin octobre à ses blessures après une attaque dans la province anglophone du Nord-ouest, a expliqué Me Nkom, qui qualifie ces chefs d’inculpation de «rocambolesques».

«Est-ce qu’on peut nous prouver que c’est faux? On n’en sait rien, dès lors qu’on a affaire à une armée dont des soldats peuvent tirer à bout portant sur un enfant, ce que les autorités nient avant de se raviser», avait affirmé la journaliste, en relayant l’information.

La journaliste qui devrait être jugée par le tribunal militaire de Douala dès lundi, avait également dans un autre post, relayé la version du ministère camerounais de la Défense, imputant la responsabilité de la mort du missionnaire américain aux séparatistes anglophones.

«Son innocence est établie et la preuve que (son) emprisonnement était planifié est cinglant », a réagi le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC). Reporters sans frontières (RSF) a également demandé la libération immédiate de la journaliste d’Equinoxe TV.

«Les journalistes qui couvrent la crise anglophone ne sont pas des criminels!», selon l’ONG. Depuis la tenue de la présidentielle le 7 octobre, au moins six journalistes ont été interpellés au Cameroun, dont deux restent incarcérés.

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