Ouverture du procès de Teodorin Obiang en France
Le procès du fils du président de la Guinée équatoriale, Teodorin Obiang, accusé de s’être frauduleusement bâti une fortune considérable en France, devrait s’ouvrir ce lundi au tribunal correctionnel de Paris.
Il s’agit du premier procès en France dans l’affaire des « biens mal acquis », qui porte sur les conditions d’acquisition d’importants patrimoines fonciers et mobiliers en France par plusieurs dirigeants africains ou de leurs proches.
Teodorin Obiang, ancien ministre de l’Agriculture et des forêts de son pays et promu fin juin par son père, vice-président de Guinée équatoriale, est poursuivi pour blanchiment d’abus de biens sociaux, de détournement de fonds publics, d’abus de confiance et de corruption.
Le procès, dont les dates ont été fixées fin octobre, doit s’ouvrir ce lundi et durer jusqu’au 12 janvier, mais selon Emmanuel Marsigny l’un des avocats du mis en cause, les délais sont « beaucoup trop courts » et non conformes à la loi.
Les avocats de Teodorin Obiang demandent un temps raisonnable pour pouvoir organiser effectivement la défense de leur client, a expliqué Me Marsigny.
L’enquête, ouverte après des plaintes des associations Sherpa et Transparency International, a permis de découvrir un patrimoine considérable appartenant au fils du président équato-guinéen, composé entre autres, d’un immeuble sur l’avenue Foch, l’un des quartiers les plus huppés de Paris, estimé à 107 millions d’euros, de plusieurs voitures de luxe et de sport (Porsche, Ferrari, Bentley, Bugatti).
Au terme de l’instruction, les juges ont estimé qu’il avait bâti son patrimoine en France, en y investissant le produit « des détournements de fonds publics », de la corruption.
Entre 2004 et 2011 par exemple, près de 110 millions d’euros provenant du Trésor public de Guinée équatoriale sont venus créditer le compte personnel de Teodorin Obiang à Paris, selon les juges.
Mais Téodorin Obiang » a toujours dit qu’il a gagné légalement son argent dans son pays », il est « innocent des faits qu’on lui reproche », assure Me Marsigny.
Teodorin Obiang est également visé par la justice en Suisse qui a ordonné en novembre dernier la saisie à Genève, de onze véhicules de luxe lui appartenant.
Inculpé en 2014, il a essayé en vain de faire annuler les poursuites en France, invoquant son statut à l’époque de deuxième vice-président de Guinée équatoriale qui octroyait à ses yeux, une immunité.
La justice française enquête également sur les patrimoines bâtis en France par les familles de plusieurs autres dirigeants africains, celle du président congolais, Denis Sassou Nguesso, du défunt président gabonais, Omar Bongo ou encore du président centrafricain déchu, François Bozizé.