Le ministre sud-africain des Finances sera jugé pour fraude

pravin-gordhanLe procureur général Shaun Abrahams a annoncé lors d’une conférence de presse mardi, que la justice sud-africaine allait juger le ministre des Finances Pravin Gordhan pour fraude, une décision qui inquiète les marchés financiers et qui illustre aussi  les vives tensions politiques au sommet de l’Etat.
M. Gordhan qui est accusé d’avoir donné son feu vert au départ à la retraite, dans des conditions particulièrement avantageuses, d’un haut fonctionnaire devrait être convoqué dès le 2 novembre prochain devant un tribunal de Pretoria, selon des medias.
Ministre des Finances de 2009 à 2014, Pravin Gordhan, 67 ans, avait été rappelé en urgence fin 2015 à son poste pour apaiser les marchés, inquiets de la décision du président Jacob Zuma de renvoyer deux titulaires du portefeuille en quatre jours. Une mission qu’il a réussie mais s’est souvent opposé à M. Zuma et son camp au sujet de la gestion des entreprises publiques, au cœur de plusieurs scandales impliquant le pouvoir.
Dans un communiqué, M. Gordhan a dénoncé un « harcèlement » et assuré qu’il ne démissionnerait pas.
Le ministre est soupçonné depuis 2014 d’avoir mis en place, au sein du fisc sud-africain (SARS) qu’il a dirigé pendant dix ans jusqu’en 2009, une unité qui aurait espionné des hommes politiques, dont l’actuel chef de l’Etat. Cette unité  d’élite de la police sud-africaine, « Hawks » (Faucons), enquête depuis 2015 sur cette affaire. S’il a reconnu l’existence de l’unité du fisc incriminée, M. Gordhan a toujours affirmé qu’elle avait agi dans le cadre de la loi.
Le procureur général a indiqué que les poursuites annoncées mardi ne concernent pas les activités présumées de cette unité.
Lui et deux anciens responsables du fisc, Oupa Magashula et Ivan Pillay, sont accusés d’avoir « délibérément trompé » l’administration lors du départ à la retraite de M. Pillay, pour un préjudice de 1,1 million de rands (70.000 euros).
En avril, lorsque Jacob Zuma avait été condamné à rembourser l’argent public utilisé pour rénover sa propriété privée, M. Gordhan n’avait pas mâché ses mots. « Une fois que vos actions sont jugées contraires » à la Constitution, « on doit réaliser qu’on s’éloigne de son devoir de servir le peuple », avait-il lancé.
L’annonce des poursuites engagées contre le ministre des Finances, qui a la confiance des marchés, a été très mal accueillie par les investisseurs. Le rand sud-africain (ZAR) a dévissé de plus de 3% et s’échangeait dans l’après-midi à 14,26 ZAR pour un dollar.

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