L’Egypte en veut à l’Unesco pour avoir primé un photojournaliste détenu pour terrorisme

Les autorités égyptiennes ont exprimé leur «profond regret» après  l’attribution par l’Unesco du Prix Mondial de la liberté de la presse Unesco/Guillermo Cano au photojournaliste égyptien Shawkan, «accusé d’actes de terrorisme et d’infractions pénales», détenu depuis 2013 en Egypte.

Mahmoud Abou Zeid, connu sous son pseudonyme Shawkan, avait été interpellé le 14 août 2013 alors qu’il couvrait au Caire la sanglante dispersion d’un sit-in de partisans des Frères musulmans par les forces de sécurité. Ces derniers protestaient contre la destitution par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi, premier président civil démocratiquement élu un an plus tôt.

Dans un communiqué de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), Maria Ressa, présidente du jury composé de professionnels des médias, a précisait que «le choix de Mahmoud Abou Zeid rend hommage à son courage, à sa résistance et à son attachement à la liberté d’expression ».

Cependant, le porte-parole de la diplomatie égyptienne, Ahmed Abou Zeid a déploré dans un communiqué, que l’Unesco «récompense une personne accusée d’actes de terrorisme et d’infractions pénales».

Avant l’attribution du prix, le ministère égyptien des Affaires étrangères avait exprimé son «profond regret» après avoir été informé de l’intention de l’Unesco de décerner ce prix à Shawkan, le 2 mai à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Le Caire a dénoncé une «politisation» de l’organisation, qui fait selon lui le jeu des ONG et du Qatar, en froid avec le pouvoir égyptien.

Shawkan et plus de 700 co-accusés sont jugés pour meurtre de policiers et vandalisme. L’ONG Reporters sans frontières (RSF), qui a récemment organisé une campagne de soutien au photojournaliste, a dénoncé la peine de mort requise par le parquet égyptien le 3 mars contre Shawkan.

L’Egypte occupe la 161e place (sur 180 pays) au classement mondial 2017 de la liberté de la presse de RSF. Au moins 31 journalistes sont emprisonnés dans le pays selon l’ONG.

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