Dix soldats gambiens devant la justice pour tentative «de renverser le gouvernement»

La justice gambienne a accusé lundi dix soldats de trahison et mutinerie dans le cadre d’un complot en vue de renverser le nouveau gouvernement du pays en juillet dernier, et deux autres soldats pour avoir aidé un sergent à s’évader.

Selon un document du tribunal militaire, les dix soldats «se sont préparés ou ont tenté de renverser par des moyens illégaux, le gouvernement démocratiquement élu en Gambie, et ont donc commis une infraction» à la loi. Les deux soldats jugés pour des infractions moins graves sont accusés d’avoir aidé un militaire à s’échapper et ne pas avoir informé leurs supérieurs.

En juillet, le président Adama Barrow qui avait affiché sa volonté de rompre avec l’arbitraire et les violations des droits de l’Homme du régime de son prédécesseur, avait relativisé, dans un entretien à la presse, les craintes de complot que fomenteraient des proches de Yahya Jammeh avec des membres des forces de sécurité, jugeant «terriblement exagérées» ces «rumeurs».

Il assurait même avoir «réintégré beaucoup de personnel militaire» qui avait été «limogé injustement» à la suite du changement de régime.

Une dizaine de militaires gambiens ont pourtant été arrêtés, dont trois soldats en ce même mois de juillet, par la police militaire, puis ont été incarcérés sans jugement, au-delà du délai légal de la garde à vue de trois jours prévu par la Constitution.

Certains militaires, comme le sergent-chef Abdoulie Jammeh, neveu de Yahya Jammeh, arrêté en septembre pour absence injustifiée et détenu pendant plusieurs semaines avant d’être relâché et radié de l’armée, paieraient le prix de leurs liens familiaux avec Yahya Jammeh. Selon son épouse, Tida Bajinka Jammeh «ils lui ont demandé s’il communiquait toujours avec son oncle».

Face aux critiques des associations de défense des droits de l’Homme, dénonçant la durée de ces détentions sans inculpation, le ministre de l’Information, Demba Ali Jawo a invoqué une «clause de sauvegarde» autorisant le renouvellement de leur détention tous les 14 jours.

L’ex-président gambien Yahya Jammeh est parti en exil fin janvier après avoir contesté pendant six semaines sa défaite à l’élection présidentielle de décembre dernier face à Adama Barrow. Il s’était finalement résolu à quitter le pouvoir et le pays à la suite d’une intervention militaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et d’une ultime médiation guinéo-mauritanienne.

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