Les Bokassa ou les centrafricains spolies ?

Comme annoncé depuis décembre, une propriété de Jean-Bedel Bokassa, l’empereur centrafricain, saisie par l’Etat français, a été vendue aux enchères ce mercredi 12 janvier à un particulier pour 915 000 euros.  Le domaine d’une superficie habitable de 750 m2, situé dans les Yvelines à Hardricourt , comprend notamment un manoir construit au 17è siècle et un parc.

A lui seul, ce château trace bien de lignes de l’histoire centrafricaine. En effet, il a servi d’abri à Bokassa durant son exil en France, de 1983 à sa mort en 1996. Le dictateur fut aux commandes du pays de 1965 à 1979, évincé de la même manière qu’il a conquis le pouvoir, donc par coup d’état. Son règne a été notamment marqué par tous les titres dont il s’affublait : d’abord  président à vie en 1972, deux ans plus tard, maréchal et, la cerise sur le gâteau, empereur en 1977. Evidemment, ses résidences devaient être à la hauteur de son rang, d’où l’acquisition, à l’époque, de plusieurs châteaux en Europe.

Des années après cette folie des grandeurs, le fisc français, n’ayant pas toujours été réglé par Bokassa ou du moins ses descendants, n’a pas raté l’occasion de rentrer dans ses droits en entraînant la cession de la somptueuse demeure d’hier, aujourd’hui délaissée, et ce, malgré les protestations d’un des fils de l’ancien propriétaire, George-Bedel Bokassa. Selon ses propos, il s’agit d’une « spoliation » de l’héritage de sa famille. Ainsi, il a imploré le concours du président français Nicolas Sarkozy pour empêcher l’opération ; mais, sans succès.

En réalité, la postérité Bokassa n’est pas la plus grande perdante. C’est plutôt d’abord la République Centrafricaine et, ensuite, l’Afrique entière, laquelle a connue, dans sa globalité, des années d’emprise dictatoriale entre 1960 et 1990. Des domaines aux superficies ahurissantes, des comptes bien remplis et toutes sortes de biens mal acquis par les despotes d’antan – dont la valeur estimée, ces dernières décennies,  est de 100 à 180 milliards de dollars – ont souvent renfloué les caisses occidentales. Au plus grand dam des populations qui, elles, restent bredouille.

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