Un juge béninois dénonce des pressions du pouvoir et s’enfuit du pays

Un juge béninois de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a quitté ses fonctions et fui le pays, dénonçant des pressions du pouvoir, à quelques jours de l’élection présidentielle.

«Le juge que je suis n’est pas indépendant», affirme Essowé Batamoussi dans cet entretien diffusé tôt ce lundi par Radio France Internationale (RFI).

«Toutes les décisions que nous avons été amenés à prendre l’ont été sur pression y compris celle qui a vu le placement de dame Reckya Madougou en détention», explique le juge, en charge du dossier de cette opposante.

Ancienne ministre sous l’ex-président Yayi Boni, Mme Madougou est placée sous mandat de dépôt depuis le 5 mars à la prison civile d’Akpro-Missérété, à Porto Novo. Accusée d’avoir «planifié des exécutions en série de personnalités politiques», elle a été inculpée pour «financement du terrorisme» par la Criet.

Les avocats de Mme Madougou soutiennent qu’elle est victime d’une combine politique orchestrée par le pouvoir. Ils dénoncent aussi ses conditions de détention et demandent que ses droits soient respectés.

La Criet est une Cour spéciale mise en place par le pouvoir de Patrice Talon et accusée par ses détracteurs de servir d’instrument judiciaire pour museler l’opposition.

Le Bénin votera dimanche pour une présidentielle verrouillée. Le président sortant Patrice Talon fera face à deux candidats de l’opposition sans aucun poids politique.

Sébastien Ajavon, arrivé troisième lors de la précédente présidentielle et déjà condamné par la Criet en 2018 à 20 ans de prison pour trafic de drogue, a été à nouveau condamné début mars par contumace à une deuxième peine de cinq de prison ferme pour «faux, usage de faux et escroquerie». Il vit actuellement en exil.

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