Côte d’Ivoire: L’ancien préfet d’Abidjan craint des violences lors des législatives
L’ex-préfet d’Abidjan, Vincent Toh Bi qui préside actuellement une «plateforme citoyenne» baptisée «Aube Nouvelle» et qui a sillonné les zones où se sont produites les violences durant la présidentielle d’octobre, met en garde contre de nouvelles violences lors des législatives du premier trimestre 2021.
Alors que l’opposition, qui avait boycotté le scrutin présidentielle, avait aussi appelé à la désobéissance civile, l’ex-préfet dit qu’«il faudra s’attendre à ce que les prochaines élections législatives soient encore l’occasion de violences».
«Les débats qui ont prévalu pendant la présidentielle referont surface», souligne-t-il dans un rapport présenté jeudi à la presse, après s’être rendu dans les « points chauds» du pays pendant la crise électorale.
Le préfet a énuméré les thèmes pouvant ressurgir: «Interprétation de la Constitution, impartialité du Conseil Constitutionnel et de la Commission électorale, légitimité de certaines institutions, révision des lois, liberté d’expression, libération de détenus, liberté de manifestation».
Le président Alassane Ouattara a été élu le 31 octobre pour un troisième mandat controversé dès le premier tour avec 94,27% des voix, au terme d’un scrutin boycotté par l’opposition qui estime ce troisième mandat inconstitutionnel, 10 ans après la crise post-éléectorale de 2010-2011 qui a fait 3.000 morts.
L’opposition avait organisé des manifestations qui ont dégénéré en violences inter-communautaires entre d’un côté l’ethnie dioula du Nord favorable au président Alassane Ouattara et de l’autre des ethnies locales considérées comme pro-opposition.
Au moins «296 maisons incendiées, 84 commerces pillés: c’est le « bilan » dans les 23 communes visitées». Le rapport se dit «incapable» de chiffrer le bilan humain (85 morts, 500 blessés, selon le bilan officiel).
Les violences ont cessé après une rencontre le 11 novembre entre le président Ouattara et le chef de l’opposition, l’ancien président Henri Konan Bédié, mais l’opposition continue à contester le résultat du scrutin. La présidence a annoncé mardi la création d’un ministère de la Réconciliation nationale, dirigé par l’ex candidat à la présidentielle Kouadio Konan Bertin.