Un opposant éthiopien parle du risque de nouvelles manifestations «de grande ampleur»

A peine sorti de prison, le président du Congrès fédéraliste Oromo (OFC), Merera Gudina a prévenu le gouvernement éthiopien du risque de nouvelles manifestations de grande ampleur s’il n’ouvrait pas un dialogue avec les principaux partis d’opposition.

Arrêté en décembre 2016, Merera Gudina, très populaire président du Congrès fédéraliste oromo, a été relâché en début de semaine avec d’autres prisonniers accusés de violences ethniques.

Mais il est le seul opposant de haut rang à avoir été relâché depuis que le Premier ministre Hailemariam Desalegn a promis le 3 janvier de libérer un nombre non spécifié d’hommes politiques, dans un contexte difficile pour la coalition au pouvoir, au sein de laquelle des fractures sont apparues dernièrement.

«Le parti au pouvoir doit revoir sa copie, il doit arrêter d’accorder des choses au compte-goutte et doit mener ce pays vers un vrai dialogue national et un vrai consensus national, c’est la seule solution», soutient Merera, dans un entretien accordé mardi à l’AFP, à sa résidence de Burayu, à l’ouest de la capitale Addis Abeba.

L’opposant avait été appréhendé peu après son retour d’un voyage en Europe, où il avait dénoncé l’instauration en Ethiopie de l’état d’urgence devant des parlementaires européens à Bruxelles.

Cet état d’urgence visait à mettre fin aux plus importantes manifestations anti-gouvernementales depuis 1991. Débutées en 2015 en région Oromo (sud et ouest), le plus important groupe ethnique du pays, les manifestations s’étaient ensuite étendues vers d’autres zones, principalement la région Amhara (nord).

Les Oromo et les Amhara protestaient face à ce qu’ils perçoivent comme une sur-représentation de la minorité des Tigréens au sein de la coalition du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), qui règne sans partage depuis 1991.

« Un pays de 100 millions d’habitants, c’est trop grand pour un seul groupe (l’EPRDF, ndlr), c’est évident pour tout le monde, je pense que c’est également évident aux yeux de ceux qui nous dirigent», estime Merera.

Les manifestations ont repris sporadiquement depuis la fin de l’état d’urgence en août 2017. «Il y a des millions de jeunes que nous ne contrôlons pas, et si on ne leur donne pas quelque chose de concret, ils pourraient à nouveau provoquer le chaos», a prévenu, Merera.

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