Burundi : L’inquiétude de la communauté internationale s’amplifie
Près de 100 personnes auraient perdu la vie à Bujumbura entre vendredi 11 et samedi 12 décembre, après les attaques de plusieurs camps de l’armée par des rebelles dans la capitale.
Le bilan officiel communiqué par l’armée est de 87 morts en tout, mais de nombreux témoignages laissent penser qu’il soit bien plus lourd. En Afrique comme dans le reste du monde, les diplomaties ont exprimé leur inquiétude grandissante face à la recrudescence de la violence dans le pays.
Signe de la dégradation de la situation, l’ambassade américaine à Bujumbura a annoncé ce dimanche, le départ de son personnel diplomatique et a demandé à ses ressortissants de quitter le pays le plus rapidement possible. En cause, selon son communiqué, « une violence continue dans le pays » et un gouvernement burundais qui n’aurait pas « le contrôle total des services de police et de l’armée ».
Globalement la communauté internationale est ferme. La Belgique, « fortement inquiète », selon son ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders demande la saisie urgente du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’Union africaine.
Reynders demande également l’ouverture d’une enquête indépendante et l’ouverture immédiate d’un dialogue, pour éclaircir les responsabilités, notamment des autorités.
Toutes ces pressions diplomatiques à travers un certain nombre de sanctions, manifestement, ne sont pas suffisantes. « Au fil des mois, on a vu s’aggraver la situation, devenue vraiment dramatique, à Bujumbura en particulier », déplore-t-il, dénonçant « la violence de certaines attaques contre des quartiers militaires » mais aussi « la répression disproportionnée » des autorités, faisant allusion aux possibles exécutions ce week-end.
Le ministre belge évoquera la situation au Burundi lors d’une réunion avec ses collègues de l’Union européenne et a appelé l’ONU et l’Union africaine à « prendre les mesures de protection de la population qui s’imposent ».
Et la présidente de la Commission de l’Union africaine, madame Dlamini Zuma, a affirmé dans un communiqué être « extrêmement préoccupée » par l’escalade de la violence à Bujumbura. Elle a de nouveau souligné « l’urgence d’un dialogue inter-burundais véritablement inclusif », et a relevé avec « consternation et horreur » les témoignages faisant état d’exécutions sommaires.
Même ton du côté de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), dont le représentant de la secrétaire générale, Michaelle Jean a fermement condamné les attaques contre des camps militaires de vendredi et la « répression aveugle » qui s’en est suivie.
Il demande au gouvernement burundais de « prendre ses responsabilités » pour faire en sorte que le pays « retrouve la paix », non pas « à travers une répression sanglante, mais à travers un dialogue avec ceux qui n’ont pas été intégrés dans le dialogue jusqu’à maintenant ».
De son côté, l’ONG Human Rights watch a demandé une enquête sérieuse et indépendante sur les violences de ces deux derniers jours.