UA : Appel à la Mauritanie pour «revoir» un texte prônant la peine de mort

La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, un organe de l’Union africaine, a exhorté mercredi la Mauritanie, à l’issue d’une réunion tenue à Nouakchott, à «revoir» une loi en cours d’élaboration sur l’apostasie et le blasphème, les rendant passibles de la peine de mort.

«La Commission africaine (des droits de l’homme et des peuples, Cadhp) saisit l’occasion de sa présente session en Mauritanie pour exhorter les plus hautes autorités à revoir cette législation» sur l’apostasie et le blasphème, a déclaré mercredi soir sa présidente, Mme Soyata Maiga, à l’issue d’une réunion de la Commission à Nouakchott.

L’organe de l’UA, dont les décisions ne sont pas impératives, prône l’abolition de la peine de mort. Elle rappelle que la révision de la loi mauritanienne sur l’apostasie et le blasphème «doit se faire en se conformant aux orientations et aux travaux du groupe de travail de la Commission africaine sur la peine de mort et des exécutions extrajudiciaires et sommaires en Afrique».

Le gouvernement de Mauritanie avait adopté en novembre 2017 un projet de loi durcissant la législation contre les auteurs d’apostasie et de blasphème, désormais passibles de la peine de mort, sans tenir compte d’un éventuel repentir.

Le texte n’est pas encore promulgué par le chef de l’Etat mauritanien. Mais il stipule que «chaque musulman, homme ou femme, qui se moque ou outrage Allah ou Son Messager (Mahomet), Paix et Salut sur Lui, ses anges, ses livres ou l’un de ses Prophètes, est passible de la peine de mort, sans être appelé à se repentir. Il encourt la peine capitale même en cas de repentir», selon le ministre de la Justice, Brahim Ould Daddah.

Selon le ministre de la Justice, cette nouvelle disposition, qui n’aura «pas d’effet rétroactif», doit remplacer l’ancien texte, en vigueur depuis 1983, qui accordait la possibilité du repentir aux fautifs.

Le durcissement de la législation sur l’apostasie avait été adopté par Nouakchott dans la foulée des réactions populaires hostiles à l’allègement de la peine du blogueur mauritanien Mohamed Ould Mkheitir qui a vu sa peine de mort réduite à deux ans de prison, qu’il a purgés, mais qui reste en détention administrative. La peine capitale n’a plus été appliquée en Mauritanie depuis 1987.

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