Gabon: Le Parlement adopte de nouveaux dispositifs en cas d’empêchement du président
Le parlement gabonais, réuni en congrès à Libreville, a adopté mardi une révision de la Constitution confiant le pouvoir au président de l’Assemblée nationale, au président du Sénat et au ministre de la Défense, en cas d’empêchement temporaire ou définitif du président de la République en exercice.
«La loi portant modification de la Constitution a été adoptée avec 89,1% des voix » par le Congrès réunissant les deux chambres du Parlement, a déclaré le président de l’Assemblée nationale Faustin Boukoubi lors d’une session retransmise en direct à la télévision nationale.
Le Sénat et l’Assemblée nationale sont largement dominés par le parti du président de la République.
Autre disposition nouvelle: l’article 78 prévoit que “le président de la République qui a cessé d’exercer ses fonctions ne peut être mis en cause, poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé” pour les faits commis dans l’exercice de ses fonctions.
Après un accident vasculaire cérébral (AVC) en octobre 2018, le président gabonais Ali Bongo Ondimba était Hospitalisé à Ryad le 24 octobre. Il y est resté plus d’un mois avant d’être transféré le 29 novembre à Rabat, d’abord dans un hôpital militaire, puis dans une résidence privée pour y poursuive sa convalescence et sa rééducation.
«C’est un projet qui a été fait dans la précipitation, qui dissimule mal un problème connu de tout le monde qui est que M. Bongo n’est plus en capacité de diriger le pays», a réagi l’opposant Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, du parti Union nationale et du collectif ’Appel à agir’, qui avait demandé une expertise médicale pour faire constater la «vacance du pouvoir» par la Cour constitutionnelle après l’AVC dont avait été victime le chef de l’Etat.
Pour M. Ntoutoume Ayi, ces mesures et notamment l’impunité dont va jouir le président sont symptomatiques d’«une grande peur», et de « la preuve que les actes de ces gens-là relèvent de la haute trahison».
Bongo est au pouvoir depuis 2009 dans ce petit pays pétrolier d’Afrique centrale, après avoir succédé à son père, Omar Bongo, qui a dirigé le Gabon de 1967 à sa mort.
Lors de l’élection présidentielle du 27 août 2016, Ali Bongo Ondimba a été proclamé vainqueur avec 50,66 % des suffrages exprimés, contre 47,24 % pour son challenger Jean Ping.