Le recours à la CPI «politiquement motivé» selon le gouvernement burundais

Le gouvernement burundais a réagi à l’appel lancé ce lundi par l’ONU à la Cour pénale internationale (CPI) pour qu’elle enquête sur des crimes contre l’humanité commis selon elle par les autorités de Bujumbura qui n’ont pas tardé à dénoncer un complot occidental qui «restera sans effet».

La Commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi a dénoncé lundi des «crimes contre l’humanité» commis avec l’assentiment de «responsables au plus haut sommet de l’État» et exhorté la CPI à enquêter «dans les plus brefs délais» sur ces atrocités.

Dans son rapport, la commission de l’ONU  estime qu’en un peu plus de deux ans, entre 6.000 et 7.000 arrestations et détentions arbitraires ont eu lieu au Burundi, et environ une centaine de personnes ont subi des tortures ou des « traitements inhumains ».

Par ailleurs, une dizaine de personnes ont été exécutées sommairement sans procès lors d’exécutions extra-judiciaires. Un nombre équivalent de viols, environ une dizaine, y ont par ailleurs été recensés.

Pour la première fois dans un tel rapport, le président burundais Pierre Nkurunziza est cité nommément comme faisant partie des responsables de ces crimes.

Mais selon Willy Nyamitwe, le responsable de la communication présidentielle, « ce ne sont pas des enquêteurs mais des mercenaires payés pour valider un narratif déjà en circulation dans certains rapports des occidentaux et ouvrir la voie à la CPI, cet instrument dans les mains de l’Occident pour asservir les États africains ».

Dans un tweet écrit dès la publication du rapport des enquêteurs de l’ONU, M. Nyamitweavait déjà dénoncé des « conclusions politiquement motivées et commanditées par l’UE ».

L’opposition s’est au contraire félicitée des conclusions de la mission d’enquête de l’ONU, qui selon elle, est « une nouvelle ère d’espoir qui s’ouvre pour mettre fin à l’impunité des crimes commis depuis avril 2015 ». Charles Nditije, le président du Cnared, coalition regroupant la quasi-totalité de l’opposition, souhaite que  l’enquête débute « dans les meilleurs délais ».

La Cour a jusqu’au 27 octobre pour ouvrir une enquête de son propre chef. Car le Burundi a notifié sa décision de se retirer de la CPI le 27 octobre 2016 et ce retrait est effectif un an après. Passé cette date, seul le Conseil de sécurité de l’ONU pourra faire appel à elle.

Le Burundi traverse une crise violente depuis la décision, en avril 2015, de M. Nkurunziza de briguer un troisième mandat controversé, obtenu en juillet de la même année. Depuis lors, les violences dans le pays ont déjà fait de 500 à 2.000 morts, selon les sources (ONU et ONG), et ont poussé à l’exil plus de 425.000 Burundais.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *