Benin-Constitution : Démission du ministre de la défense

A la surprise générale, le ministre béninois de la défense, Candide Armand-Marie Azannai, l’un des grands soutiens du président Patrice Talon au sein de son gouvernement, a annoncé ce lundi avoir déposé sa lettre de démission, en raison du climat de tension que connaît le pays.

Le ministre Azannai a indiqué sur sa page Facebook, qu’il a « décidé de remettre ma démission du gouvernement, face aux derniers développements de l’actualité politique », marquée par la contestation de plus en plus vive de la volonté du président de modifier la constitution du pays.

Azannai, un ancien député, avait été également ministre sous l’ancien président Boni Yayi avant de se rallier à l’opposition contre ce dernier, soutenant la candidature de l’actuel chef de l’Etat, Patrice Talon. Par cette démission l’ex-ministre rejoint ainsi la grogne grandissante dans le pays contre le projet de réforme constitutionnelle.

Lundi, l’union nationale des Magistrats du Bénin (UNAMAB) a organisé une manifestation pour exiger le retrait du projet, qui « porte atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire », selon son président Michel Adjaka.

Avant cette marche de protestation, d’autres organisations et mouvements, de même que des acteurs de la société civile et des universitaires avaient invité les parlementaires à rejeter le projet de révision constitutionnelle.

Le président Talon avait convoqué le Parlement en session extraordinaire pour voter la réforme, mais les 83 députés béninois ont rejeté le caractère urgent du vote, lors d’une première convocation vendredi dernier, précisant que l’examen du texte se fera selon la procédure plénière normale.

Le nouveau projet de Constitution, l’un des arguments de campagne de Patrice Talon, prévoit entre-autres, une discrimination positive en faveur des femmes dans le monde politique, un financement public des partis, mais également la mise en place d’un mandat présidentiel unique, actuellement de six ans, une mesure historique sur le continent africain mais qui suscite toutefois la controverse.

Les partisans de cette réforme y voient le moyen pour le Chef de l’Etat de ne pas être soumis à la pression des électeurs pendant son mandat, et donc de ne pas recommencer une campagne dès son élection. D’autres estiment par contre que le risque est que « le chef de l’Etat n’aura de comptes à rendre à personne », selon un député de l’opposition.

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