La campagne de boycott au Maroc a poussé à la démission, un ministre islamiste

Le ministre marocain des Affaires générales de la gouvernance, Lahcen Daoudi, issu du Parti justice et développement (PJD, islamiste) a présenté sa démission, après avoir été vivement critiqué d’avoir pris parti ostensiblement, contre une campagne de boycott notamment des produits de Centrale Danone, a annoncé dans un communiqué, le PJD qui dirige l’actuelle coalition gouvernementale dans le Royaume.

Daoudi a présenté sa démission lors d’une réunion d’urgence du secrétariat général du PJD tenue mercredi soir à Rabat. Dans un communiqué diffusé à l’issue de cette réunion, présidée par le chef du gouvernement et Secrétaire Général du PJD, Saad Eddine El Othmani, la formation islamiste a pris acte de « la demande » de Daoudi d’être « relevé de ses fonctions », après sa « participation inappropriée (…) à un sit-in mardi soir devant le Parlement ».

Le ministre marocain, 71 ans, s’était publiquement affiché dans les rangs des salariés de la filiale marocaine de Danone, qui manifestaient mardi soir pour exprimer leurs craintes de perdre leurs emplois, alors que le groupe fait face à une campagne de boycott inédite, lancée anonymement sur les réseaux sociaux contre la « cherté de la vie », qui cible également les stations-service Afriquia et l’eau minérale Sidi Ali. Leurs promoteurs affirment vouloir obtenir une baisse des prix en s’attaquant aux « leaders du marché » marocain.

Cinq semaines après le lancement de la  campagne de boycott anonyme, le gouvernement a mis en garde la semaine dernière contre les effets négatifs qu’elle pourrait avoir sur l’emploi et l’économie, en particulier dans le secteur du lait.

Le boycott «pourrait avoir un impact négatif sur l’investissement national et étranger (au Maroc) et, par conséquent, sur l’économie nationale», a avertit le gouvernement marocain dans un communiqué.

Il indique avoir «suivi avec un grand intérêt» la décision prise en ce début de semaine par la filiale marocaine du groupe français Danone de «réduire de 30% la quantité de lait achetée auprès des coopératives». Centrale Danone qui a motivé sa décision par une baisse des ventes depuis le début du mouvement, aurait également supprimé quelques 900 emplois intérimaires.

«La poursuite du boycott est à même de causer de gros dommages pour les coopératives laitières et les producteurs qui y adhèrent, dont une majorité de petits agriculteurs», s’inquiète l’exécutif.

Dans un tel contexte, la présence de Daoudi à ce rassemblement a suscité une vive polémique tout au long de la journée de mercredi dans les médias du royaume et sur les réseaux sociaux et au sein même de son parti. Le chef du gouvernement doit soumettre la demande de démission au Roi afin qu’elle soit validée.

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