La percée des « made in » Afrique

L’Afrique est réputée dépendante des produits de consommation proposés par les multinationales et ce, dans tous les secteurs. Mais,  la percée des marques typiquement continentales de ces dernières années constitue un beau démenti à cette idée généralement admise.

Prenons le cas de la Laiterie du berger qui a vu le jour en 2006 au Sénégal. Spécialisée dans les produits à base de laits frais, la seule industrie laitière sénégalaise a quadruplé ses ventes en trois ans, passant de 380 000 euros à 1,5 millions d’euros (2010). Tout cela, malgré la concurrence des produits laitiers importés et artisanaux. Pas loin de là, en Côte d’Ivoire, la Sivop, l’entreprise locale des cosmétiques, notamment la gamme Sivoderm, atteint un chiffre d’affaire de 50 millions d’euros, performance réalisée grâce à ses multiples unités de production sur le continent (Cameroun, Côte d’Ivoire, Maroc et Sénégal) et ses exportations vers l’Europe et les USA.

A défaut de lancer carrément une nouvelle marque, certains entrepreneurs africains optent pour s’émanciper d’une sous-traitance préalable. C’est alors qu’ils cassent les prix des articles en les diminuant de 20 à 30%. C’est le cas de Sasio (groupe Nouira) et Mabrouk (Abdelmoula), marques textiles de Tunis. Les plus nantis font nettement mieux en envisageant racheter des marques occidentales. Ainsi, Steinhoff International, leader africain de l’ameublement, a communiqué, le mois passé, compter acquérir le numéro deux du secteur en Europe, Conforama.

Néanmoins, les marques africaines font face à la concurrence des multinationales. Celles-ci, fortes de leur notoriété et de leur influence et possédant de puissants moyens techniques et de promotion, ne ménagent aucun effort pour conserver leurs marchés, étouffant les innovations prometteuses du continent noir. Les « Brasseries du Faso » en constituent un exemple-type. Jusqu’aujourd’hui, ce projet ne s’est limité qu’à la construction de l’usine, faute de crédit bancaire pour amorcer la production de bière. Pour Mohamed Pangueba Sogli, PDG du groupe burkinabé Sopam (50 millions d’euros de chiffre d’affaire) et initiateur de l’investissement, cela pourrait être dû à l’influence du groupe Castel, lequel forme avec le sud-africain SAB-Miller l’oligopole de la bière africaine.

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