Crise ivoirienne : un dilemme à l’horizon pour la CPI ?

Le conflit postélectoral ivoirien, qui a duré plus de 4 mois, a causé la disparition d’environs 3000 personnes. A la demande du Président Alassane Ouattara, le Procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI) a demandé à ses juges, jeudi 23 Juin, d’ouvrir une enquête sur les crimes contre l’humanité et crimes de guerres commis en Côte d’Ivoire pendant cette période. Une affaire qui risque de mettre en cause les deux parties de la crise ivoirienne, tant l’une et l’autre sont soupçonnées d’avoir commis des exactions.

A lire quelques extraits du courrier que M. Ouattara a adressé au Procureur de la CPI le 3 Mai dernier, il semble ne rien craindre, l’enjoignant de mener des investigations sur les « crimes les plus graves » de la crise ivoirienne et argumentant en ces termes, « la justice ivoirienne n’est, à ce jour, pas la mieux placée pour connaître des crimes les plus graves commis au cours des derniers mois ». Un sésame pour la CPI, qui, fort de cette déclaration, peut s’appuyer sur le principe de complémentarité pour mener des investigations sur la Côte d’Ivoire.

La particularité de cette enquête réside dans le fait que le camp Ouattara comme le camp Gbagbo sont impliqués dans diverses exactions selon différents rapports, enquêtes et témoignages. D’après un document publié le 10 Juin par les Nations Unies, les deux belligérants sont responsables de « crimes contre l’humanité et crimes de guerres ». Un avis partagé par la très sérieuse organisation des Droits de l’Homme, Amnesty International., Celle-ci a d’ailleurs sorti un rapport jeudi dernier dénonçant « la détention sans inculpation » de dizaines de militants pro-Gbagbo.

De ce qui précède, Alassane Ouattara, aurait-il tendu le bâton pour se faire battre ? Ou, plutôt, pour faire battre ses collaborateurs ? Car lui-même n’est pas réputé belliqueux, contrairement à son Premier Ministre, Guillaume Soro. Confier cette affaire à la justice internationale pourrait donc discréditer ce dernier au profit du président ivoirien. Quoi qu’il en soit, la CPI, quant à elle, devra être impartiale, quel que soit l’instigateur de cette enquête.

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