Togo : que cache l’affaire Agba Bertin?

Depuis plusieurs semaines, ce qu’il convient d’aller désormais l’ « affaire » Agba Bertin -du nom d’un homme d’affaires Togolais soupçonné d’avoir   été au cœur d’une vaste escroquerie internationale- n’en finit pas de faire des remous dans la classe politique togolaise. L’affaire en elle-même est assez simple, puisqu’il s’agit en l’occurrence, d’une variante de la célèbre fraude Nigériane « 419 », ou « Advance fee fraud », qui aurait été mise en place par M. Bertin aux dépends d’un richissime investisseur émirati, Abbas Al Youssef. Rappelons ici que la fraude « 419 » consiste à promettre à une victime innocente en échange d’une « commission » des  sommes –imaginaires- faramineuses, généralement issues de zones de conflit ou d’héritages de dictateurs décédés (dans le cas d’espèce, un héritage du Général Robert Gueï, éphémère président ivoirien). Al Youssef, l’homme d’affaires victime de la fraude,  aurait été allégé de près de 40 millions de Dollars,  et a porté plainte auprès du procureur de première instance de Lomé, mettant en cause non seulement Agba Bertin, mais également plusieurs de ses complices, dont l’ancien Président de la compagnie pétrolière française « Elf » Loïck Le Floch Prigent, qui aurait participé en certifiant avoir vu les fonds de l’ancien président Robert Gueï « entreposés dans les coffres de la BCEAO » selon le rapport d ‘enquête. Le Floch-Prigent, condamné par la justice française par trois fois pour abus de biens sociaux, avait abordé  Abas Al Youssef à Dubaï en qualité de « consultant international » ayant ses entrées dans les palais présidentiels africains, lui promettant des profits rapides grâce à son « associé » Sow Agba Bertin, par ailleurs patron d’une société de Gardiennage, OPS Sécurité. En réalité, selon plusieurs observateurs du dossier, l’escroquerie internationale pourrait bien cacher une tentative de déstabilisation du Président Togolais, Faure Gnassingbé, en voulant absolument impliquer certains anciens membres de son entourage (dont l’ancien ambassadeur togolais au Ghana Jean Pierre Gbikpi-Benissan). La déclaration de Abas Al Youssef aux autorités togolaises  est d’ailleurs édifiante à cet égard, puisque l’Emirati, qui avait  été reçu par le Président Faure Gnassingbé en sa qualité d’investisseur international, a vu Agba Bertin-qui devait l’accompagner- se défausser au dernier moment, au motif vague et incertain que le Président  « le craindrait ». Cette attitude avait alors mis Abbas Al Youssef sur ses gardes, et a précipité sa plainte en justice qui a mis fin à l’escroquerie dont il a été victime…

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