Maroc : Nouvelle manifestation dans la ville minière de Jerada

Les populations de la petite ville marocaine de Jerada ont encore manifesté par milliers ce mercredi pour exiger «travail et développement», quelques jours après la mort de deux frères dans une mine de charbon clandestine.

C’est la mort accidentelle des frères Houcine et Jedouane, âgés de 23 et 30 ans, alors qu’ils tentaient d’extraire, sans aucune protection, du charbon dans une mine désaffectée, qui a suscitée l’indignation chez les habitants de cette province de partie orientale du Maroc.

Depuis la fermeture de la mine qui faisait vivre Jerada, «la ville n’a pas d’autres ressources, il n’y a pas d’emplois, pas d’usines. Les gens vivent dans la précarité», explique un responsable local de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH).

Malgré la fermeture, à la fin des années 1990, de l’ancienne mine qui employait quelques 10.000 personnes, des centaines de mineurs continuent de risquer leur vie pour extraire clandestinement du charbon.

Les populations de cette ancienne cité minière, la plupart des jeunes, ont alors appelé mercredi à une «alternative économique» et à la fin de la «marginalisation» de leur ville. Ils brandissaient pour beaucoup des drapeaux marocains et des portraits du Roi, pointant du doigt des «notables» de la région qui détiennent des permis d’exploitation de charbon et qui «font la loi».

Le ministre marocain de l’Energie et des mines, Aziz Rebbah a déjà pris la mesure du problème et annoncé que son ministère n’hésiterait pas à «retirer n’importe quel permis de recherche ou d’exploitation en cas du non-respect de la réglementation ou d’abus», à «Jerada ou ailleurs». Il a affirmé avoir déjà «retiré plus de 1.400 permis en 2017 à l’échelle du royaume».

Située près de la frontière avec l’Algérie, Jerada est aujourd’hui l’une des villes les plus pauvres du pays. Pourtant, les pouvoirs publics ont investi plusieurs milliards de dirhams dans la région.

Le roi du Maroc a appelé à un changement du modèle de développement, jugé obsolète. Le 13 octobre, dans un discours devant le parlement, il avait ainsi estimé que ce modèle s’était avéré inapte à satisfaire «les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens à réduire les écarts territoriaux et à réaliser la justice sociale».

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