Kenya : 35 personnes tuées par la police lors des violences postélectorales

La police au Kenya a tué 35 des 37 personnes mortes dans les violences qui ont suivi les élections générales du 8 août dernier dans le pays, a révélé la Commission nationale kényane des droits de l’Homme (KNCHR), dans un rapport publié lundi.

Dans ce rapport de 262 pages sur la question des droits de l’Homme lors des précédentes élections, intitulé «Mirage au crépuscule», la KNCHR, instituée par la Constitution kényane, estime que ces 35 personnes ont été tuées entre les 9 et 15 août par la police. Des « agressions par des civils » ont entraîné les deux autres décès évoqués.

Ce bilan est bien loin de ceux présentés jusqu’ici par les autorités et qui ne dépassaient pas jusqu’à présent pas les 24 morts, sur lesquels peu de détails étaient par ailleurs fournis.

La Commission des droits de l’homme documente ces morts violentes recensées dans les régions acquises à l’opposition un peu partout au Kenya. Si la majorité des victimes sont des adultes, sept d’entre elles étaient mineures.

Les auteurs du rapport pointent le fait que la répression visait d’abord certaines catégories de la population. « Alors que la Commission n’a pas réussi à déterminer si l’usage de la force était prédéterminé et ciblé, écrivent-ils, il est clair d’après nos analyses que la majorité des victimes appartiennent à une seule communauté ethnique et vivent dans l’habitat informel», écrivent-ils.

De fait, la plupart des personnes décédées étaient d’ethnie Luo, le troisième groupe ethnique du pays, et vivaient dans les bidonvilles de Nairobi ou dans l’ouest du Kenya, zones acquises à Raila Odinga, lui-même d’origine Luo.

En effet, l’annonce de la réélection contestée du président sortant Uhuru Kenyatta le 8 août dernier avait suscité des protestations, souvent réprimées dans la violence.

Après la décision de la plus haute cour du pays, un nouveau vote a finalement été fixé au 26 octobre prochain. Mais l’opposant Railla Odinga a conditionné sa participation à cette nouvelle élection, à une réforme en profondeur de la Commission électorale (IEBC).

L’opposition organise à cet effet des manifestations les lundis et vendredis depuis deux semaines.

Lors des violences post-électorales de 2007-2008, les pires de l’histoire du Kenya indépendant, la police avait été blâmée pour au moins un tiers des quelques 1.100 morts.

 

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