20 février : le Maroc serein après une première mise à l’épreuve

La date fatidique du 20 Février 2011 attendue avec suspicion par le Royaume chérifien, vient d’être franchie dans la sérénité. Aucun incident majeur n’a en effet entaché les manifestations de quelques milliers de jeunes à Rabat, à Casablanca, ou à Marrakech. Néanmoins, certains casseurs voulant profiter des manifestations issues du mouvement Facebook « 20 Février » ont du faire face à des adversaires inattendus : les manifestants eux-mêmes. Ces derniers, faisant preuve d’un grand sens de la responsabilité et d’une maturité politique rare,  ont constitué des cordons devant les quelques commerces qui ont été visés par des bandes de casseurs, notamment à Al Hoceima, dans le nord du pays où cinq morts sont à déplorer dans une agence bancaire que des malfrats souhaitaient dévaliser avant d’y mettre le feu. Prisonniers des flammes, les voleurs présumés ont payé de leur vie leur noir dessein. Contrairement aux autres pays où le vent de la révolte souffle, le Maroc a fait le pari de la responsabilité des citoyens, et de nombreux membres du gouvernement  du Royaume chérifien ont même encouragé les jeunes à manifester et à faire connaitre leurs doléances alors que les forces de l’ordre, mobilisées à l’occasion, ont observé une discrétion totale. Le résultat, toutes les manifestations de rue se sont déroulées sans le moindre incident majeur et même certaines chaines de télévision nationales comme Medi1Sat ont retransmis en direct les défilés des manifestants. Les réseaux de l’Internet et du téléphone mobile ont fonctionné comme en temps normal. Les cafés, les supermarchés et épiceries qui ont l’habitude d’ouvrir le dimanche, n’ont pas baissé le rideau par peur du saccage. Il faut aussi reconnaitre que les jeunes de facebook ont fait preuve d’une grande maturité en manifestant dans le calme, même si certains d’entre eux sont allés jusqu’à réclamer une limitation des pouvoirs du roi, une des questions encore considérée comme tabou dans la monarchie chérifienne. Les jeunes manifestants revendiquaient aussi une amélioration des conditions de vie, la lutte contre la corruption rampante qui mine le pays, le changement de l’actuel gouvernement dominé par une la famille El-fassie depuis les élections législatives de 2007. La vague de contestation qui a enflammé le monde arabe semble épargner le Maroc ou du moins son régime monarchique millénaire. Il faut reconnaître que  le roi Mohammed VI ; au pouvoir depuis 1999, avait entamé un vaste programme de réformes et a permis une certaine libéralisation de la presse, considérée comme la plus ouverte du monde arabe.

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